Et maintenant, que vais-je faire ?
La trêve des confiseurs est achevée, et nous voici entrés dans une nouvelle année. La précédente s’est achevée de façon désordonnée et même brutale ; il m’a fallu revoir ma copie durant ces derniers quelques jours. Comme le chantait Gilbert Bécaud : et maintenant que vais-je faire ?
Je vais retrouver l’allée des alisiers et le chemin du prêtre, les intérêts personnels et les clans reconstitués, les combinaisons de circonstances et les insuffisances de la vie quotidienne. Si le poète a toujours raison, c’est le plus souvent quand il n’est plus. Avant, c’est généralement la curée sur ses différences et ses nouveautés qui contrarient les habitudes de ses contemporains.
Rien de nouveau finalement dans un monde qui débute on ne sait où et qui s’achève dans un brouillard opaque et parfois angoissant.
Et maintenant, que vais-je faire ?
Je sais trop bien que ce qui compte pour vous, c’est ce que vous avez envie d’entendre ; et pas autre chose.
Pour répondre à cette attente, il me faut jongler entre les mots et les actes, entre les vérités bonnes à dire et celles bonnes à cacher.
« Le cœur doit marcher avant l’esprit, et l’indulgence avant la vérité ».
Citation de Joseph Joubert ; Des passions et affections de l’âme, LXXIII (1866)
Je me refuse à cette citation de Paul Valéry : « la politique est l’art d’empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde.» Certes, aujourd’hui, chacune et chacun se mêlent de tout, y compris de ce qui ne le regarde pas ; le grand débalage des « sachants » et des gourous ouvre à toutes les déviations.
La communication a astucieusement et perfidement remplacé la propagande. Elle a détourné les idéologies et la démocratie vers le marketing électoral. Cette dérive nous amène là où nous en sommes : une société qui communique mais ne se parle pas et ne s’entend surtout plus.
L’offre politique s’est diversifiée comme le ferait un magasin hard discount avec ses têtes de gondoles interchangeables en fonction des meilleures techniques de vente ; les sondages d’opinion servant de baromètre pour déterminer le produit, les réseaux sociaux de caisse de résonance aux coups de gueule populistes et complotistes.
Il s’agit bien de vendre et non de partager. De la communication au grand débalage, la démocratie est pervertie pour le plus grand bonheur d’une médiocrité sans limite et déraisonnée.
Et maintenant, que vais-je faire ?
Prendre un grand bol d’air frais dans les bois de Chancelade.