Le mot était glissé dans une boîte aux lettres de la mairie, située près d’un point d’apport volontaire. Anonyme, bien entendu. Son contenu m’a abasourdi. J’ai lu et relu. Je n’ai même pas été en colère, sans pour autant me résigner à l’abject. Je me refuse à croire que ce soit l’œuvre d’un Chanceladais. Et si, par malheur, c’était le cas, je souhaiterais m’entretenir, en face à face, avec cet écrivain certainement frustré et malheureux de sa propre condition.
Cette pitoyable violence des mots décomplexés est une réalité ; elle nous rappelle que les temps obscurs peuvent s’abattre sur nos têtes, que l’Homme peut succomber à de noirs desseins, que la vigilance de l’esprit et du cœur ne doit pas se relâcher.
Je me refuse à abandonner mes convictions, tout en mesurant les causes de tels propos, qui traduisent avant tout un malaise intime — lequel s’installe piteusement dans une société que l’on voudrait plus fraternelle.
Il y a un quart de siècle, Stéphane Hessel¹ avait publié un opuscule intitulé Indignez-vous !, l’indignation étant le ferment de l’esprit de résistance.
Notre belle commune de Chancelade doit s’indigner, sans accuser quiconque, sinon pour comprendre les maux de chacune et de chacun ainsi exprimés.
Mais, diable, que c’est difficile…
1 Stéphane Hessel, (1917-2013) résistant et diplomate français

Pascal Serre