Inventer une âme chanceladaise

Inventer une âme chanceladaise

Ils viennent. Pas forcément les chanceladais de souche ; mais ceux qui le sont par l’esprit et le coeur. Ils viennent, hésitant naturellement, mais finalement heureux de découvrir leur nouvelle commune sous des formes inhabituelles et même inconnues.
Ce fut le cas lors des spectacles de l’été, à la Maison Marquet. Il en fut tout autant pour les Journées du Patrimoine et les randonnées pédestres. Certes, il y eut quelques chanceladais de souche, mais davantage de visiteurs venus d’ailleurs.
On le savait, et on le constate presque toujours, la vie commune est délaissée au profit de celle des volets clos. C’est un phénomène global de société particulièrement ancré à Chancelade de par la géographie et l’histoire des lieux.
Tout d’abord, il n’y a pas de véritable centre ville et, de façon anecdotique, relevons qu’en un siècle l’hôtel de ville a été déplacé par trois fois. Ensuite, l’urbanisation faite depuis presque un demi siècle repose sur une population disséminée et sans identité commune. Enfin et ainsi Chancelade s’est structurée comme un ensemble disparate de hameaux et de quartiers sans unité et s’affichant comme un vaste et plaisant dortoir aux portes de Périgueux.
En créant et développant une offre culturelle et festive la municipalité répond aux attentes d’une population nouvelle qui, progressivement et naturellement, modifie en profondeur la sociologie même de la commune.
De même, l’ouverture à de nouvelles pratiques et initiatives traduit la prise en compte de l’indispensable vie communautaire faite de partage. Il s’agit aussi de tisser des liens entre Chancelade et un environnement dépassant les limites administratives et ethniques héritées.
C’est autant un pari qu’un défi. Les résultats seront, dans l’immédiat, imperceptibles et n’apparaîtront qu’avec le temps.
Il nous faudra de la constance et de la persévérance dans la vision et l’action, essuyer les critiques et garder le cap. L’humoriste Pierre Desproges nous a laissé cette pensée : « la culture c’est comme l’amour, il faut y aller à petits coups au début pour bien en jouir plus tard. »

Pascal Serre