Jean-Jacques Javerliat
Quand la politique se fait amitié
Le mardi 14 décembre dernier, Jean-Jacques Javerliat, adjoint aux finances de mon équipe municipale tirait brutalement sa révérence et s’accordait ce que l’on désigne par le repos éternel. On a beau être maire, on en reste pas un moins un homme, et je me débattais dans une tristesse que seule l’amitié pouvait expliquer.
Jean-Jacques Javerliat est né en mai 1953 à Boulazac. Il a grandi dans une famille modeste et laborieuse qui lui offrait des convictions solides entretenues aux premières heures d’un certain 18 juin auquel on n’adossait plus l’année. Après des études à Périgueux, Jean-Jacques Javerliat se voyait ouvrir les portes de la vénérable institution Saint-Joseph de la même ville. Rapidement il en devenait le responsable des études avant d’être nommé comme chef d’établissement du collège privé Jeanne d’Arc à La Roche-Chalais aux confins de la Dordogne et de la Charente. C’est là qu’en 2019 il faisait valoir ses droits à la retraite.
C’est aux Grèzes, sur la commune de Chancelade, qu’au milieu des années quatre-vingt il avait planté son décor familial entouré de ses deux filles, Marie-Ange et Aurélie. Quoique discret, Jean-Jacques Javerliat, en bon périgourdin, aimait le contact et se constituait rapidement un dédale d’amitiés diverses associant son caractère épicurien à celui d’un humanisme chrétien, et davantage si affinités.
A la Maison Marquet pour l’ouverture du festival de conte en juillet 2021
Du compagnon à l’ami
Pour ma part, j’avais connu Jean-Jacques Javerliat à la fin des années soixante-dix au moment où je quittais mon banc de l’insitution Saint-Joseph avec mon baccalauréat. Nous nous étions régulièrement retrouvés sans chercher à se connaître davantage.
Aussi, lorsque Fatahi Kuyé m’avait parlé de Jean-Jacques Javerliat sur notre liste aux élections municipales de 2020, je trouvais beaucoup de raisons à ce qu’il s’y retrouve. Même si rien n’était naturellement gagné, je comprenais que cette impropable victoire donnerait à Jean-Jacques Javerliat les possibilités d’ouvrir une nouvelle page, une des plus belles, celle qui consiste à servir son prochain.
Non seulement je fus pas déçu, mais je découvrais ainsi un ami. Sous son regard de sphinx et de prélat laïque, Jean-Jacques Javerliat savait entendre, partager, réduire les obstacles pour que la fracture des choses de la vie se résorbe. C’était ainsi une suite de victoires feutrées empreintes d’une exquise politesse.
Jean-Jacqies Javerliat témoignait d’un «certain sens de l’histoire» et un humanisme bien ancré dans l’action quotidienne et au service de femmes et d’hommes qu’il aimait, sans rien renier, sans rien acquitter autant sur lui que sur l’autre.
Réception de matériel aux ateliers techniques septembre 2020
De l’enseignement au syndicalisme, de l’associatif à la politique
Au lendemain du fameux « 10 mai 1981 » il était entré au RPR comme on entre en religion, mais avec des exigences morales qui le liaient au « général » autant qu’à un certain Yves Guéna dont il accompagnait désormais tous les défis politiques.
Jean-Jacques Javerliat fut aussi un syndicaliste à la Confédération Française des Travailleurs Chrétiens où, plus particulièrement, il oeuvra à la restructuration de la vallée de l’Isle ravagée par la crise industrielle de l’industrie de la chaussure.
Sa personnalité solaire l’amena un temps à présider le carnaval de Périgueux où sa faconde naturelle, son sens de l’organisation et de l’action en firent un évènement majeur de la vie périgourdine.
En 1995, sur l’insistance de Pierre Bourland, résistant et animateur du RPR en Dordogne, Jean-Jacques Javerliat se lançait dans une première joute électorale, à Chancelade. Il y découvrit l’amère breuvage de l’opposition. Il renouvela en 2001, avec le même résultat, sans pour autant perdre sa boussole, son énergie et sa bonne humeur. Il se retirait progressivement de cet écheveau désormais trop étroit pour exprimer sa personnalité.
En 2020, il acceptait de participer à un ultime challenge – le troisième – qui faisait dire à Jean-Jacques Javerliat : « pour Mitterrand et Chirac ce fut celui de la réussite, alors pourquoi pas ! ». Et ce fut le cas. Il devenait un adjoint aux finances vite affectueusement nommé « grand argentier ».
Jean-Jacques Javerliat était présent à toutes les commissions de travail
Il ne voulait pas d’ennemis, mais il appréciait l’adversité
Il ne voulait pas d’ennemis, mais il appréciait l’adversité. Cette dernière indispensable pour que l’ombre et la lumière ne fassent qu’un. Son humanité valait onction dans ses relations qu’il mettait au-dessus de tout. Ces colères étaient exprimées pour remettre de l’ordre dans un débat qui invitait à la division destructrice. Elles désignaient à tous qu’il était temps de se parler, et surtout de s’entendre.
C’est ce message essentiel que je conserve et auquel – ce qui est très rare en politique – je rajoute la fidélité et la loyauté. C’est ainsi que je découvre ma solitude et que désormais je recherche la voix qui guide vers l’inaccessible étoile si chère à Jacques Brel.
Désormais, il nous reste à vivre ces fêtes de fin d’année ; en n’oubliant personne, ni les présents et ni les absents. Vivre le temps présent est une expression philosophique et poétique de l’éternité. Ne nous privons pas de la partager avec bonheur et sans modération.
C’est avec une profonde tristesse que j’adresse à Marguerite, sa maman, à Aurélie et Marie-Ange, ses filles mes condoléances personnelles.