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Journées occitanes – Un avant-goût de félibrée

12 Avr 2024 | Actualités de la commune

Journées occitanes

Un avant-goût de félibrée

 

Ce vendredi 5 et samedi 6 avril se sont déroulées les premières journées occitanes de Chancelade. À l’initiative de Maryline Renaud, adjointe à la culture et l’événementiel, avec la participation du Bornat, de l’Institut d’études occitanes et des Ardents du pied, mais encore avec los Croquants d’Escornabiou, le programme des réjouissances était très varié et pour tout public.

Les 250 enfants des écoles maternelle et élémentaire ont pu bénéficier de démonstrations de vieux métiers et s’initier à des jeux anciens ; des projections de dessins animés en occitan ont complété l’après-midi du vendredi ; les yeux écarquillés et les papilles éveillées par la confection de gaufres, les enfants ont profité de dégustations appréciées.

Le vendredi après-midi les enfants des écoles ont découvert les métiers et jeux anciens sur l’esplanade Joan Pau Verdier

C’est en présence de quelques 150 personnes, autour de « Cathy » son épouse, de Régine Anglard, vice-présidente du Conseil départemental qu’a été inaugurée l’esplanade Joan Pau Verdier

Le soir, à l’espace culturel, ce fut une soirée d’émotions autour de Joan Pau Verdier, chanteur et poète occitan décédé puis inhumé à Chancelade en 2020. Tout d’abord, un film qui retraçait le parcours de Joan Pau Verdier, des lectures de textes et la diffusion de chansons entrainaient la centaine de spectateurs réunie autour de « Cathy », l’épouse de Joan Pau Verdier.

Le samedi matin, avec Jean-Louis Lévêque de l’institut d’études occitanes, et Mireille Léger, de l’association les Ardents du pied, une quarantaine de marcheurs suivirent une randonnée ponctuée d’une initiation à la toponymie.

Puis, ce fut la présentation des travaux sur les noms de lieux de la commune effectués par Jean-Louis Lévêque. Que de découvertes ! Que de mystères et de secrets dévoilés ! C’est promis, un livre sera édité prochainement.

Ensuite, préparée par le Bornat, la mique fut partagée par quelques soixante-dix convives avant que l’on se presse pour l’inauguration de l’esplanade Joan Pau Verdier. Autour de « Cathy » se retrouvaient Régine Anglard, vice-présidente du Conseil départemental en charge de l’occitan, José Corréa, artiste bien connu qui a offert le portrait inédit qui figure sur la plaque, mais aussi Michel Chadeuil, compagnon de culture de Joan Pau Verdier, et bien d’autres encore.

Le samedi, à midi, lo Bornat du Périgord avait mitonné un repas autour de la mique et du petit salé suivi par plus de 80 convives

Le dimanche matin, Jean-Louis Lévêque de l’Institut d’études Occitanes et Mireille Léger des Ardents du pied ont entrainé une quarantaine de personnes dans une découverte de la toponymie chanceladaise

Le dimanche matin, Jean-Louis Lévêque de l’Institut d’études Occitanes et Mireille Léger des Ardents du pied ont entrainé une quarantaine de personnes dans une découverte de la toponymie chanceladaise

 Les discours passés, Didier et Roselyne Berguin ont repris des titres du répertoire de Joan Pau Verdier ; los Croquants d’Escornabiou prirent le relais avec des musiques et danses folkloriques.

Autour du verre de l’amitié, en fin de journée, les organisateurs évoquaient déjà la seconde édition, renouvelée, complétée et améliorée. Pour Nicolas Puech (IEO) et Maryline Renaud, « ces deux journées ont su plaire à quelques 800 enfants et adultes ; c’est un succès ; une sorte d’avant-goût de la félibrée qui aura lieu à Tocane Saint Apre, le dimanche 7 juillet prochain ».

L’institut d’études occitanes a proposé des dessins animés en occitan aux enfants des écoles

Spectacle de musique et danse folkloriques par los Croquants d’Escornabiou.

v

Pascal SERRE
INAUGURATION ESPLANADE JOAN PAU VERDIER
VENDREDI 05 AVRIL 2024

 

Que reste-t-il de nos amours ?
Incontestablement le mouvement occitan ne peut se résumer à la nostalgie et au romantisme.

Si les troubadours, si les cathares, si le félibrige, si les révoltes des vignerons de l’Aude ou des paysans du Larzac, celles encore des mineurs de Decazeville côtoient les santons de Provence, c’est cet ensemble qui constitue l’identité du paysage occitan.

Joan Pau Verdier a été de toutes ces rencontres, avec passion et détermination.

Joan Pau Verdier a parfaitement incarné, durant un demi-siècle, une expression culturelle ancrée dans les racines avec le regard de celui qui travaille inlassablement à un monde meilleur.

J’ai découvert Joan Pau Verdier au milieu des années 70.

Je trouvais dans ses paroles et ses rythmes, les choix impertinents qui caractérisent la jeunesse.

Nous étions à la fin des Trente Glorieuses et le Périgord restait une terre où la langue d’Oc résistait sur les places de marchés et dans les fermes et ateliers d’artisans.

La comète de mai 68 s’éloignait et ses acteurs entreraient progressivement dans le rang.

Il n’en était pas question pour Joan Pau Verdier qui resterait fidèle à son tempérament d’éternel rebel.

Il ne fut pas toujours accepté par les traditionnalistes félibréens, mais surtout maurassiens.

La toujours fameuse querelle des anciens et des modernes.

Pour avancer, il faut se battre ; et Joan Pau Verdier se battait autant avec son art que ses convictions.

Comment imaginer la culture sans de solides valeurs et une belle espérance !

L’histoire et la géographie de l’Occitanie commandent à l’ordre ancien de s’inscrire dans un destin commun où l’Homme se fait respectueux, tolérant et progressiste.

C’est ainsi que Joan Pau Verdier a inscrit son parcours d’artiste engagé.

C’est cela que j’ai aimé et partagé avec Joan Pau Verdier.

C’est cela que nous fêtons aujourd’hui.

Comment imaginer la culture sans cet esprit rebelle qui traduit la vivacité et le dynamisme d’une jeunesse qui ne peut concevoir la vie que dans la révolte et un avenir plus radieux.

Si cet esprit rebel est le fil rouge de la culture occitane, il en est tout autant l’espérance sans laquelle nous serions condamnés au désespoir.

Joan Pau Verdier, de mon point de vue, prolonge le « sang du pauvre » de Léon Bloy autant que le Jacquou le croquant de Eugène Le Roy.

C’est, quelque part, le troubadour que fut le Périgourdin Antoine de Tounens qui fonda un royaume en Patagonie et Araucanie au XIXe siècle.

Plus près de nous, il y eu les résistants à l’occupation et à tous les totalitarismes et dont les noms sont parfois oubliés.

Tous animés de passions d’écorchés vifs, à l’image des cathares de Montségur.

Comme Joan Pau Verdier, ce sont des pèlerins de l’absolu.

En conférant à cette esplanade le nom de Joan Pau Verdier, nous exaltons notre école maternelle, notre centre culturel, notre médiathèque, notre ludothèque et notre volonté de faire de ces lieux un véritable cœur de village.

Un cœur de village où s’expriment et se cultivent les valeurs de la république, avec raison et sentiment.

Que reste-t-il de nos amours disais-je en introduction…

En guise de réponse, j’ai retenu les paroles de Joan Pau Verdier dans sa chanson je chante pour toi.

Escotatz brave monde, escotatz mos amics !

Une ferme abandonnée
un jeune s’en va, un vieux meurt
la dernière usine fermée
Voilà le sort de mon pays
tantôt musée, tantôt plaisanterie
et bronze-cul trois mois par an
Voilà le sol de Ventadour
que sont devenus ses enfants ?
Je chante pour toi et pour ma terre
Un peuple sortira de l’ombre
une autre fois, une autre nuit…
quand il en aura assez des mensonges
et qu’il pourra entendre l’espoir
Je chante pour toi et pour ma terre.

Mercés Joan Pau e longa vita a la fraternitat occitana !

Pascal Serre