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Kévin Castagna le rebelle tranquille

15 Août 2021 | Les Gazouillades de Pascal SERRE

 Kévin Castagna le rebelle tranquille

 

Le théâtre de Verdure de la Maison Marquet, avec ses contours presque mystérieux, à la nuit tombante, abrité par l’imposant et séculaire cèdre, entouré de frondaisons plus modestes, ne pouvait que trouver en Kévin Castagna un compère à ses dimensions. Celui-ci, avec sa seule guitare, ouvre une parenthèse faite de rebellions marquées par des textes qui s’adressent aux rêveurs et romantiques. Chaque chanson est une histoire simple qui s’adresse au coeur, celui des bonnes volontés qui se perdent dans un monde qui leur échappe.

C’est un univers à part entière que Kevin Castagna nous fait partager, entre joies et peines, ses textes racontent les choses de la vie, les petits riens qui émeuvent ou font sourire, ou tout simplement le temps qui passe et celui à venir… C’est ce qu’il nous raconte avec une solide, mélancolique, mais aussi joyeuse énergie.

C’est un parolier et un musicien qui veut tout changer à travers ses cieux justement chargés de mots qui sont autant d’étoiles. Il y a là une déambulation écrite pour les enfants que nous devrions rester et qu’il réveille ainsi avec une poésie aussi simple que le bonheur.

Il y a du Renaud et du Noir désir davantage que du Francis Cabrel dont il fréquente l’école à Astaffort. Tout comme, on le devine dans les caves de Saint-Germain-des-Près, dans l’immédiate après-guerre, avec Vian, Gréco, Beauvoir, Prévert, Queneau, Genet. Le parfum capiteux de l’existentialisme s’est glissé dans les jeux de mots et de situations, entre une jeunesse avide de vivre pour oublier, mais sans oublier totalement. Kévin Castagna, c’est le souffle libertaire, ludique et profondément poétique qui a passé sur Saint-Germain-des-Prés et qui s’est posé pour un soir à Chancelade.

Kévin Castagna est complet dans son travail et témoigne d’une personnalité toute en délicatesse avec des écorchures qu’il laisse se promener dans son public. Et, au final, le rêve transfigure tout et s’écoule avec bonheur.

Ses chansons sont les siennes avant tout, celles nées d’une rencontre ou d’une émotion débordante un soir de « quatre saisons » ; ce peut être avec un gamin de six ans ou une jeune femme de quatre-vingt dix ans ; dans tous les registres c’est la commedia dell’ arte remastérisée pour un public dont il fait son compagnon d’Illiade des temps toujours modernes.

Ami des Cousins d’Aldo présents dans le même théâtre de verdure la semaine passée, Kévin Castagna a offert une prolongation inédite qu’une nuit tranquille et enluminée par les premières étoiles perçant les nuages gonflés de pluie contenue a su retenir.

C’est sur un « Amsterdam » guidé par Jacques Brel, paroles rebelles aux convenances, sonorités et rythmes métamorphosés dans une vibrante composition que Kévin Castagna a salué les premières étoiles déconfinées qui avaient, elles aussi, fait le chemin vers le Théâtre de Verdure de la Maison Marquet. J’ai ainsi confondu avec une goutte de pluie, une larme du vieux cèdre. Toute la magie d’une soirée rebelle à la COVID, et tranquille dans sa destinée naturellement poétique.

Pascal Serre