La foudre tombe sur l’allée des alisiers

Lorsque des riverains de l’allée des alisiers sont venus me rencontrer pour évoquer la circulation qui se développait sur cet axe, j’ai écouté. Selon eux, l’allée était progressivement devenue une rue, puis une route, passage entre deux autres routes départementales et présentait une dangerosité extrème.
Les braves gens, installés il y a parfois depuis quatre décennies dans un site à haute qualité environnementale comprenaient douloureusement que le lieu de jadis n’était plus, que de résidentiel il était devenu une de ces routes départementales si chères à l’humoriste Jean Yanne.
Mais, comme toujours en ce pays, ce qui déplait aux uns convient aux autres. L’Abraracourcix de Chancelade l’avait oublié, naturellement à ses dépens. Convenant qu’il fallait satisfaire le village en interdisant aux sangliers étrangers de traversée la paisible allée des alisiers il ne mesurait pas le réveil des gaulois devenus, pour la circonstance, d’intrépides croquants. Ces derniers arrachant et taguant les panneaux de signalisation mis en place ; ces derniers aussi, éprouvant leur connaissance des réseaux sociaux par l’implacable démocratie de la pétition le plus souvent anonyme ; il y eut même quelques émois dans la Légion perdue des dernières élections qui trouvait dans le sujet un cadeau de noël à la hauteur de ses anciennes nostalgies déchues.
Les meilleures fines lames allaient joyeusement d’une prétendue privatisation du domaine public tout autant que de l’atteinte aux libertés, et même des droits de l’homme ! La menace du procès devant les plus hautes juridictions de l’État étant de règle.