Le chanceladais René Donzeaud, du haut de ses 99 ans, a conservé un solide appétit de vivre. Installé depuis 1981 au Clos des Grèzes, il a été l’administré le plus âgé qui se soit rendu au centre de vaccinations de la clinique Francheville à Périgueux.
Une promenade dans l’histoire
Ce mercredi, il était midi trente lorsque je sonnais à la porte de la maison de René Donzeaud. La canne alerte, la casquette bien vissée sur la tête, accompagné d’un doux soleil printanier, l’homme se présentait. J’aurai aimé que le trajet fut plus long car mon passager se faisait disert sur sa vie d’ancien policier. Entré à la toute nouvelle compagnie républicaine de sécurité de Périgueux, en 1946, il devait rejoindre la sécurité publique dans la région parisienne dix ans plus tard ; il terminait sa carrière à l’Etat-major du département de l’Essonne. ” Avec humilité, j’avoue avoir fait une belle carrière…” dit-il. Issu d’une famille d’agriculteurs, ce natif de Salagnac, dans le nord de la Dordogne, s’est marié avec une jeune femme du village de Génis, tout proche, en 1946. Deux enfants naîtront de cette union. ” L’après-guerre, explique-t-il, était dure, il fallait reconstruire la France et construire une vie de famille au milieu des évènements de la décolonisation et du développement de la société de consommation. La vie était rythmée par la première télévision, la première voiture, le premier réfrigérateur, la première machine à laver…”
Le Clos des Grèzes
C’est en 1981, au moment de la retraite, que le couple Donzeaud s’installe sur la commune de Chancelade, au Clos des Grèzes. “Nous avons profité d’un terrain dans le lotissement en construction. Nous étions proches de Périgueux avec ses marchés et avec, déjà, la plupart des services sur la commune. Nous étions les premiers, depuis ca s’est construit ” poursuit René Donzeaud. Près de quarante années partagées entre la famille, la maison et le jardin. Une existence paisible qui s’appuie sur un art de vivre empreint de discrétion et de modestie. Soixante-quinze années de mariage viennent d’être troublées par le départ de l’épouse de René en maison de retraite, il y a juste quelques semaines ; “elle avait 97 ans et était devenue trop dépendante. Je ne parvenais plus à l’assumer” explique, ému, notre presque centenaire.
René Donzeaud sait qu’il peut compter sur ses voisins, il bénéficie aussi du service portage de repas à domicile : ” C’est très bon, varié et copieux au point d’en avoir pour le soir.” Il se tient informé par la télévision qui occupe une partie de ses journées.
Une vaccination sous haute sérénité
La promenade vers Périgueux occasionnée par la vaccination contre le COVID-19 ne l’a pas perturbé bien qu’il s’exclame : “Je suis étonné que ce soit le maire qui soit le chauffeur… et en plus il y a du soleil. Quoi demander de plus ? ” Et notre “sénior” de dire : “si je veux devenir vieux, il faut bien que je me vaccine !” Belle leçon de sagesse dans un monde fou, fou, fou.
L’accueil, à Périgueux, est parfaitement organisé. René Donzeaud est pris en charge avec une grande attention par les agentes du Grand Périgueux tout sourire devant l’alerte personnage et le médecin dédié à la vaccination. Trente minutes écoulées, René Donzeaud ressort, bon pied et bon oeil, sous les appareils des photographes qui veulent immortaliser la séquence du plus ancien habitant du Grand Périgueux venu se faire vacciner.
Rendez-vous a été pris, pour la seconde vaccination, le 21 avril. Alors que je regagnais ma voiture, René Donzeaud se retournait : “Merci M’sieur le maire, c’est très gentil à vous…” Question de politesse et d’élégance d’une époque en couleur sépia. Une couleur qui rend heureux celui qui colore ainsi sa vie, et celles des autres.
René Donzeaud (à droite sur l’écran) après sa séance de vaccination