Vous êtes ici : Accueil 9 Les Gazouillades de Pascal SERRE 9 Le conteur sous les étoiles

Le conteur sous les étoiles

11 Juil 2021 | Les Gazouillades de Pascal SERRE

Le conteur sous les étoiles

C’était un beau soir d’été, à l’heure où le soleil baille et que les étoiles s’éveillent. Le cèdre deux fois centenaire du théâtre de verdure de la Maison Marquet, quoique informé de l’évènement, s’étonnait des chaises et des bancs qui se remplissaient paisiblement de leurs spectateurs. En les comptant, le cèdre en trouvait une bonne cinquantaine, mais il n’était pas sûr. Basta ! Il attendait, bien ancré dans son jardin, l’arrivée de l’artiste, un conteur, et pas des moindres : un certain Daniel Lhomond.
Ô c’est que le bougre, avec sa voix rocailleuse et généreuse, ses histoires aussi vraies qu’imaginées n’était pas un inconnu. Un autre cèdre, celui-là du côté de Sarlat, lui en avait raconté le plus grand bien. Alors, notre cèdre à nous, celui du théâtre de verdure de Chancelade, se frottait les branches de plaisir.
Lui qui avait pris l’habitude de la solitude avait vu débouler, depuis plusieurs semaines, des hommes et des machines inconnus. Il avait bien compris que tout ce déballage était à son avantage, surtout lorsque l’on vint le transformer en sapin de noël. Mais que diable, ce n’était pas la saison !
Le conteur, Daniel Lhomond était apparu, tout de noir vêtu, les lumières avaient perçé la pénombre qui s’installait et, sa voix rocheuse, minérale et si humaine, invitait aux Amériques. Oui, aux Amériques ! Avec du foie gras de contrebande et du cabécou du Périgord dans la besace. On parlait aussi bien de la Nouvelle-Orléans que de Québec, une imprimerie vieillote servait de départ pour le pays des étoiles. Le cèdre jetait un regard en dessous, vers les spectateurs ; ces derniers souriaient, riaient et paraissaient dans un autre monde. Le cèdre, aussi.
Le conteur, Daniel Lhomond, durant presque une heure de vol sans escale, racontait, racontait encore cette belle histoire qu’il est seul à pouvoir raconter.
Une heure de vol durant lesquelles s’installaient d’autres voyageurs : les étoiles de la nuit, silencieuses jusqu’au bout, et applaudissant finalement avec le public. Et puis, notre cèdre et tout le théâtre de verdure s’embrasèrent de lumières colorées et féériques prolongeant cette soirée merveilleuse.
Ce soir-là, incontestablement, c’était bien un conteur et des spectateurs sous les étoiles. Une première qui va se renouveler, différemment, chaque vendredi de ce beau mois de juillet en voie de déconfinement.

Pascal Serre

Daniel LHOMOND